Plan du cours

I. Eléments sur la notion de culture

    A. Une notion polysémique
    B. La culture : un ensemble structuré et ordonné
        1. La culture par opposition à la nature
        2. Un système hiérarchisé de valeurs et de normes
    C. La culture créatrice d'identité : portée et limites du courant culturaliste

II. La dynamique culturelle 
    A. Les entités pertinentes en matière de culture
     B.
La culturation et l'acculturation
          1. La culturation
        2
. L'acculturation
            a. Le processus de l'acculturation
            b. L'aboutissement de l’acculturation
    C. Les enjeux culturels
        1. Les approches théoriques de la diversité des cultures
        2. La culture comme instrument finalisé

            a. L'analyse des différences culturelles

            b. La distinction sociale comme principe de style de vie

Bibliographie
Filmographie conseillée

I. Eléments sur la notion de culture  

    A. Une notion polysémique

La longue histoire du mot culture depuis le latin...

La définition de l'anthropologue britannique E-B TYLOR ...

Définition sociologique de la culture par Guy ROCHER     Introduction à la sociologie générale     tome 1 ...

    B. La culture : un ensemble structuré et ordonné

    La culture permet à l'homme de se distinguer de la gent animale ( assujettie à ses instincts ), par un phénomène de distanciation vis à vis de sa nature profonde ( que l'on retrouve en particulier dans le symbolique ). 
Cf. B. MALINOWSKI

        1. La culture par opposition à la nature

    Tout individu aussi unique soit-il ( idiosyncrasie ), se trouve sous une double influence :

- celle du biologique ( relevant de la nature ) déterminée dès la naissance : on parle " d’inné ". Ex : patrimoine génétique : couleur des cheveux, nombre de doigts... 

génétique ? inné ? héréditaire ? ...

- celle du milieu, du social, relevant de la culture : on parle " d’acquis " dans la mesure où ces traits et comportements, résultent de l'apprentissage de l'individu face à son environnement, ils sont le fruit par conséquent plus ou moins direct d'un contexte social.

     Ex : la perception du temps ( cf. N. ELIAS ), le langage acquis au cours de l’existence dans le cadre des relations sociales ( Cf. F. DE SAUSSURE "le langage norme la pensée" ) ... 

    Cependant, la frontière entre inné et acquis évolue en permanence, avec les découvertes de la science. On sait depuis peu, que le fœtus, est capable d'enregistrer des informations dans le ventre de sa mère : langage, musique ( cf. recherche d'A.TOMATIS ) ; on serait en présence en somme d'un "inné acquis ".

La déclinaison des réactions à des stimulus selon les cultures : sommeil, colère, joie, douleur...
Naturel ou culturel ???

Le débat inné/acquis à l'heure de la révolution génétique...
Les dérives eugénistes passées ( A. CARREL, F. GALTON... )... 
La dénonciation de la "biologisation du social " par P. BOURDIEU...
"Tout inné" versus "tout acquis" et voie du "juste milieu"...

Travail sur des tests de QI pour illustrer l'aspect socialement construit de "l'intelligence"...
thèse de P. BOURDIEU "Le racisme de l'intelligence"  dans Questions de sociologie  Ed. de minuit 1980
 
Distinction filières, métiers "nobles" et "vils" à partir des travaux de Ph. D'IRIBARNE.

        2. Un système hiérarchisé de valeurs et de normes.

    La culture se formalise à travers diverses productions du groupe parmi lesquelles, les valeurs et leurs corollaires, les normes ; toutes deux issues d'un socle commun : les croyances collectives ou la représentation du monde. Elle permet en définitive d'orienter l'action, en lui donnant un sens ( "culture boussole" de J-P WARNIER ).

" Les valeurs sont des idéaux collectifs qui définissent dans une société donnée, les critères du désirable ".                            Dictionnaire de sociologie      Hatier

Ex : liberté, travail, propriété, paix, honnêteté, oisiveté ...etc.

    Elles forment un ensemble structuré et hiérarchisé que l'on appelle un " système de valeurs " qui donne un idéal d'intelligibilité du monde.
La France sédimente de ce point de vue entre autres, les valeurs issues de de la Bible ( retour possible sur la thèse girardienne ) de l'héritage antique, de la Monarchie, de la Révolution Française, du capitalisme moderne…
Cet amalgame ne se fait pas sans distorsion dans le temps, et refonte de l'échelle des valeurs.

Travail sur le notion "d'échelle de valeurs" : comparaison des valeurs judéo-chrétiennes avec les valeurs diffusées par les Mangas, et avec "l'éthique" capitaliste, via la fable des abeilles de B. de MANDEVILLE.
L'analyse des Mangas permettra aussi de mettre en relief, qu'une production, aussi anodine soit-elle, est le véhicule de valeurs sous-jacentes.

Les normes quant à elles, sont des manières prédéterminées de se comporter. Autrement dit, ce sont des règles de conduite socialement sanctionnées ( terme à prendre sans connotation péjorative ) sous forme de peines ( pour ceux qui les transgressent), ou de récompenses accordées à ceux qui s'y conforment de manière exemplaire. Cf. chapitre sur le contrôle social.

Ex : ne pas voler, ne pas mentir, être obéissant, épargner...

   Ces normes et valeurs acceptées voire intériorisées par l'individu via le processus de socialisation ( cf. chapitre suivant ), vont se référer à des symboles ( objets ou images représentant autre chose qu'elles-mêmes, par convention ; distance entre signifié et signifiant ) à des mythes ( récits fabuleux ayant pour fonction d'assurer la cohésion d'une société en apportant des réponses aux questions concernant ses origines et sa destinée ), et se retrouver dans un certain nombre de pratiques sociales et culturelles tels que les rites ( actes répétitifs et codifiés de dimension symbolique ) de la vie quotidienne ( ex : se serrer la main, rire,…Cf. E. GOFFMAN La mise en scène de la vie quotidienne ).

    Ces éléments sont autant de créateurs d'ordre, qui balisent explicitement le dédale social, et donnent à l'individu un répertoire d'actions et de représentations légitimes  pour le groupe.
                                            
Sur le rite : analyse de "l'effet placebo" comme intimation du social ( cf. La Recherche ).

    C. La culture créatrice d'identité : portée et limites du courant culturaliste

    Le courant culturaliste qui date des années 30 aux Etats-Unis, donne à la culture la place centrale, pour expliquer le fonctionnement des sociétés. Elle s'appuie en cela sur les travaux, de psychanalystes freudiens tel A. KARDINER ou d'anthropologues tels, M. MEAD, R. LINTON. Ces derniers vont mettre en avant, l'idée que chaque système socio-culturel, structuré, hiérarchisé en tant que totalité originale, génère chez le matériau brut qu'est l'individu une "personnalité de base" ( d'où l'aspect primordial de la socialisation cf. chapitre suivant ).
Il est dès lors intéressant de mettre en relief les modèles de comportement ou patrons ( "patterns of culture" R. BENEDICT ).

    Cette analyse, perçue comme trop déterministe, sera critiquée par R. BOUDON et F. BOURRICAUD ; elle occulte selon ces auteurs, la diversité et les capacités stratégiques des individus ( BOUDON. R et BOURRICAUD. F Dictionnaire critique de la sociologie  ).

  Travail de synthèse sur le thème : Masculin / Féminin

    Quoi qu'il en soit, la culture en définissant l'endogène et l'exogène permet à un groupe de se forger une identité collective ( l'étranger est ainsi étymologiquement celui qui ne respecte pas la règle ). Il serait néanmoins propice d'utiliser avec parcimonie cette notion, au profit d'identification qui plus subjective et faisant la part belle à la place de l'imaginaire, peut être plus "contextualisée" et mouvante, et se rapprocher donc plus de la complexité du réel. Ex : Libanais mais chiites, sunnites, chrétiens ...etc

L'identité construit donc l'altérité ( cf. cours de philosophie de Terminale ) : par conséquent, les contacts interculturels débouchent sur des phénomènes divers allant de l'idéalisation de l'autre, à son déni voire à une volonté "servile" de destruction.

II. La dynamique culturelle 

    La culture est une alchimie complexe entre ce qui est issu du passé et qui est transmis ( la tradition : du latin traditio, de tradere "remettre, transmettre" : transmission spécifique de l'espèce humaine qui se fait par la voie sociale ( orale, écrite ou par les actes ) de l'héritage social d'un groupe ( institutions coutumes, croyances, mythes...) , l'impérieuse adaptation au présent et les conjectures concernant le futur. La culture se construit donc dans un vaste mouvement perpétuel, qui prend son "sens" dans la rencontre ave l'autre.

    A. Délimitation des cultures : les entités pertinentes

    Analyser les cultures oblige à pénétrer dans une espace multidimensionnel où les plans et strates se recoupent sur certains niveaux.

Les unités sociales les plus pertinentes recouvrant le concept de culture : la thèse de  J-P WARNIER dans le cadre de la mondialisation...
La thèse de l'économiste F. PERROUX : la nation comme "groupe de groupes"...
La société 
"pluriculturelle" ou "polyculturelle"...

    L'articulation des cultures dans les sociétés complexes est relativement souple : des groupes peuvent avoir des traits spécifiques ( modes de penser, d'agir ) tout en partageant la culture globale de la société. On peut donc, de prime abord, dissocier sous et contre-cultures : 

la sous-culture ( "sub-culture" ) est un ensemble de traits culturels propres à un groupe social, qui ne remet pas en cause les valeurs fondamentales de la culture globale ( ou dominante selon les auteurs ) de la société, elle n'en est qu'une variante. Ex: ...

 On distingue des sous-cultures de classes sociales, de milieux géographiques, de classes d’âges....

A contrario, la contre-culture désigne l'ensemble des valeurs et des modèles qui s'opposent à la culture globale ( officielle, dominante ? ) : elle s'inscrit dans une logique de conflit explicite ou larvée, sur le fond. Elle permet aux dominés de se réapproprier une identité étiquetée de façon négative par la société et propose une alternative. Exemple : contre-culture hippie…

Travail sur la culture "gangsta" ( rap-gang ) et sur les cultures sectaires : sont-elles des sous ou des contre-cultures ? 
De même, à partir de quelle niveau de radicalité dans la remise en cause de la culture légitime, une culture peut-être qualifiée de contre-culture ? 
Approfondissement de la notion de remise en cause "formelle", ou "réelle" de la culture globale ou dominante...

    Certaines cultures tout en étant incluses dans une culture globale  ( dominante ? ) a priori nationale peuvent se caractériser par leur caractère transnational : contre-culture trash, surf... Les surfeurs à travers le monde ont les mêmes référents culturels, leurs mythes, leurs héros, leur jargon, leur style de vie, les rapports à la technique, à l'objet... ( cf. A. LORET "Génération glisse" Autrement   Série Mutations N°156-157 Avril 1995 ). Ils s'identifient à une même culture. 

Toutefois, ces concepts sont remis en cause : d'aucuns à l'instar de D. CUCHE affirmant que toute contre-culture est une sous-culture, d'autres estimant que que toute sous/contre culture est une culture à part entière. 

Thèse des interactionnistes...

    Dans un même ensemble, les cultures peuvent coexister, entrer en concurrence, ou se combattre pour se faire accepter, ou accéder au rang de culture dominante, imposant ses normes et valeurs aux cultures dominées ( cf. le rôle des minorités actives ). Ex: dans notre société, la valeur dominante est le travail, fondement remis en question à l'heure actuelle ( Cf travaux d'A. GORZ ).
Ce mouvement perpétuel de déstrustructuration et de recomposition des cultures, participe au processus du changement social, selon des logiques qu'il convient de mettre en lumière.

    B. La culturation et l'acculturation

     1. La culturation

    
"Toute culture est un processus permanent de construction, déconstruction, reconstruction" ( D. CUCHE ). Loin d'être un ensemble figé, une culture est vivante, elle s'inscrit dans le mouvement,  car amenée en permanence à rentrer en contact avec d'autres cultures et donc à évoluer ( toutefois ce terme est à prendre sans connotation méliorative dans la perspective de "l'idéologie du progrès " ) : le terme de culturation serait donc plus approprié pour évoquer la teneur réelle de cette dynamique. 

 
Logique du mouvement : intégration de nouveautés ou quête de la source originelle ??...  

     2. L'acculturation

    L’acculturation ( terme créé par J. W POWELL vers 1880 ) est un concept qui désigne à la fois les phénomènes de rencontres directes et continues entre des groupes de cultures différentes ainsi que les changements qui en découlent dans les configurations initiales desdits groupes. 

            a. Le processus

     L’acculturation présente des visages multiples : elle peut être le résultat de contacts plus ou moins libres ou forcés entre deux cultures, pacifiques ou violents.
 La colonisation est le parangon de l'acculturation imposée, avec volonté expresse de modifier la culture du groupe dominé, ce qui a conduit à des heurts et des échecs de taille ( différences importantes de ce point de vue, entre la colonisation britannique et française ).

    Le contact culturel peut aussi avoir lieu de façon plus ou moins spontanée, une culture devenant demandeuse d’une autre, parce que cette dernière incarne l'innovation, ou "la modernité " ( ex : Etats-Unis : jeans, rock, rap, basket, surf, techno, snowboard, hamburgers, coca, séries TV, internet...).

On peut ici, se demander si une violence douce ou symbolique ne s'instille pas de fait, de façon subreptice au cours du processus ( expansion de la culture Mc World de B. BARBER ).

 L'acculturation dépend aussi de la relative homogénéité des cultures en présence et de leur état respectif d'ouverture...etc.   

Réflexion sur la notion de conflits culturels...

            b. L'aboutissement de l’acculturation

    Le contact prolongé entre deux cultures débouche sur une pléthore de phénomènes qui tendent à faire penser que la culture est un magma bouillonnant.

Les deux grandes tendances qui marquent les résultats des contacts interculturels sont l'uniformisation et la différenciation.

    Nombre d'auteurs ont postulé une convergence des cultures qui tendrait à une uniformisation délétère, avec annihilation des différences i.e des richesses des potentialités humaines à l'instar des assertions de S. LATOUCHE sur "l'occidentalisation du monde", ou d'un structuraliste comme C. LEVI-STRAUSS. Ce dernier analysait comme décadence culturelle la déculturation ( perte de repères culturels, acculturation imposée) subie par les sociétés colonisées ( le paroxysme de cette tendance étant l'ethnocide ( destruction systématique de la culture dominée ; ex : les amérindiens )).  

Travail sur une bande dessinée, créée par des élèves : "Faites revenir les ayshalotes", qui illustre les modalités de la déculturation, voire de l'ethnocide.

    L'acculturation devait donc conduire à une déculturation ou à un syncrétisme culturel uniformisant faisant de la différence une relique absconse.
Cette uniformisation généralisée était aussi le fruit de l'émergence dans les pays développés d'une consommation de masse et d'une culture de masse caractérisées par leur artificialité aliénante  ( cf. J. BAUDRILLARD, G. DEBORD La société du spectacle et les internationaux situationnistes ).

  A la suite des travaux de R. BASTIDE qui a largement renouvelé l'analyse, il est possible d'avancer que l'acculturation se bâtit selon un mouvement de déstructuration et de restructuration permanent.
Ainsi, la déculturation n'est pas intrinsèquement négative puisqu'elle permet une reconstruction culturelle par des procédés de sélection, réinterprétation, restructuration

Exemples à trouver dans la vie quotidienne...

    De même, l'acculturation n'est jamais à sens unique ( chaque culture étant à des degrés divers donneuse et receveuse ); il serait plus que judicieux de parler alors "d'interpénétration des cultures" ( double-acculturation ).

Analyse des mouvements de contre-acculturation i.e de retour aux sources ( fondamentalismes, messianismes, identitaires... ) : retour à l'originel ou renouveau culturel ?

      Dans le même ordre d'idée pour d'autres auteurs, l'imaginaire humain ( socialisé ) animé par un désir lié au manque, est une machine à créer de la différence culturelle à l'infini ( cf. C. CASTORIADIS... ) ce qui pose à terme le problème de l'émiettement de la culture et l'émergence d'interfaces de pôles d'intérêts communs pouvant permettre la communication ( du moins une communication véritable cf. D. WOLTON Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias  Ed. Flammarion 1999 ).

L'acculturation permanente de F. LAPLANTINE...

C. Les enjeux culturels 

            1. Les approches théoriques de la diversité des cultures

    Chez les ethnologues, il y a une césure très nette entre deux courants de pensée :

L'évolutionnisme né au 18ème siècle qui hiérarchise les cultures. Selon cette perspective historique unilinéaire aux accents Darwiniens, l'histoire culturelle de l'humanité progresserait par des étapes incontournables, allant du plus simple ( " le primitif, le sauvage, le barbare" ), au plus abouti ( " la civilisation " conçue comme forme supérieure de la culture ). Philosophie des Lumières...
Cf. Les périodes de L-H. MORGAN  : sauvagerie, barbarie, civilisation

Sur l'évolutionnisme voir H. SPENCER "Nous sommes arrivés à considérer la loi d'évolution comme commune à tous les ordres d'existence, en général et en détail".

En réaction à cette approche, le relativisme culturel appréhende chaque culture dans son irréductibilité intrinsèque, en mettant en relief les traits particuliers de chaque groupe humain qui forment une globalité cohérente ( Claude LEVI-STRAUSS ). Dans cette perspective, un même degré de dignité peut être accordé à chaque culture.

 Travail sur la déclaration de Jules FERRY le 28 juillet 1885 à l'assemblée nationale ( GAILLARD. J-M Jules FERRY Fayard 1989 pp 539-540 ) : sur "le devoir supérieur de la civilisation".
Mise en perspective avec deux textes de C. LEVI-STRAUSS :
- Race et histoire Paris 1961 pp 19-20 : déconstruction de la notion de barbare, de sauvage " La barbare c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie".
- Tristes tropiques ( 1955 ) Plon 1975 : la barbarie : anthropophagie ou anthropémie ?
Portée et limite de ces deux courants de pensée...

   2. La culture comme instrument finalisé

            a. L'analyse des différences culturelles

    Pour repérer les différences de cultures, on peut s'appuyer sur la notion de genre de vie et de style de vie :

Le genre de vie est l’ensemble des habitudes, manières de vivre ( consommation... ) propres à un individu ou à un groupe observé à partir des pratiques sociales ( études de la sociabilité...), culturelles et politiques . Ex : un citadin de par la structure de la consommation ( au sens économique et sociologique ), peut être aisément différencié d'un rural, un jeune d'une personne âgée... 

Le style de vie recouvre un ensemble de pratiques, dont la cohérence provient d'une logique sous-jacente contenue dans le système de valeurs et de normes intériorisées par l'individu. Max WEBER ( 1864-1920 ) parle " d’ethos " pour désigner l'ensemble des principes qui règlent les conduites de vie ( à distinguer de l'éthique ( ensemble de valeurs morales ) Cf. Max WEBER L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme.

L’ethos " protestant et calviniste plus particulièrement ( idéal ascétique, recherche de la réussite professionnelle comme manifestation de gloire divine…) permet de rendre cohérent des comportements qui ne le sont de prime abord ( ex : désir du capitaliste d’accumuler des richesses, mais refus d’en jouir ). 

Travail sur les pratiques culturelles des français : massification versus différenciation.
- "La France en mutation"  Sciences humaines  Hors série  N°26  Oct. 1999
- "La société contemporaine"   Cahiers français    N°291  Mai-Juin  1999

            b. La distinction sociale comme principe de style de vie

    Dans un espace social, la culture permet de poser des jalons et de créer des distances. Elle ordonne la réalité selon une visée téléologique.

Pour N.ELIAS ( 1897-1990 ) la société de cour a permis l'élaboration de règles et de contraintes en matière de maîtrise de soi ( émotions, mouvements... ) qui vont façonner un nouvel habitus psychique. En la matière, la Cour du Roi-Soleil à Versailles apparaît comme le parangon de ce nouveau style de vie fondé sur la déférence vis à vis de l'étiquette, et sur l'euphémisation de la violence ( liée à la construction de l'Etat moderne donc à la monopolisation des moyens de coercition ), dont le but est pour chaque strate de la Noblesse d'attirer sur soi les faveurs du Roi. 
La logique sous-jacente à cette formation sociale était à l'origine la volonté de distinction et de préservation d'un style de vie, face au "vulgaire". Cependant, de fait, la Cour va servir de modèle, et diffuser ses usages aux couches inférieures.

Pour Pierre BOURDIEU ( 1930- ), Professeur au collège de France, il existe une dynamique similaire entre classes sociales dans la société actuelle impliquant domination et violence symbolique.

La volonté des classes supérieures est de se distinguer par des pratiques ( choisies en fonction de la représentation du monde et donc finalisées car induisant une hiérarchie ) des classes inférieures, qui n'ont de cesse d'essayer de leur ressembler, en maintenant en permanence une certaine distance culturelle. Cette stratégie des agents procure un profit social que confèrent légitimité et distance.

Quels sports pratiquer ? qu'est-ce que le "bon goût" ?
Analyse par le capital culturel, social...et autres. 

   La culture est donc au coeur d'un vaste processus de domination symbolique ( cf; violence symbolique comme violence euphémisée, intériorisée ) qui se reproduit dans le temps. Car, en socialisant leur progéniture ( habitus ) selon la logique pré-citée, les dominants participent au processus de reproduction sociale.
Elle est donc l'enjeu fondamental qui va permettre d'orienter la société dans cette compétition permanente à la légitimité et ses à nombreux corollaires ( lutte de classement plutôt que de classe ).

Travail sur les différences induites de plus en plus subrepticement : le noeud du foulard  cf B. LE WITA   Ni vue ni connue  p 70. "Le bien être de l'entre soi " M. PINCON et M. PINCON-CHARLOT  Dans les beaux quartiers.

Portée et limite de l'analyse de P. BOURDIEU  ( vision "eschatologique" ( selon J. LEVY ) et critique de L. MUCCHIELLI sur son site ).

   Travail sur De la justification de L. BOLTANSKI, et L. THEVENOT

 Travail de synthèse sur l'immigration française

Quelles sont les valeurs de la République concernant le code de la nationalité : équilibre " droit du sol ( jus soli )- droit du sang ( jus sanguinis) " : conception "élective" de la Nation cf E. RENAN.
Travail sur les modèles d'insertion : Assimilation versus intégration ?

Conclusion

    La culture est au centre de tout le processus d'appréhension du réel, en définissant pour l'individu et le groupe, identité et volonté d'identification. Elle est un enjeu social majeur car elle est le socle qui oriente la société et sur lequel les groupes ont la capacité d'agir en créant un devenir postulé.

 

G. SIMMEL "la vie qu'elle soit biologique, psychologique, historique ou sociale est sans cesse confrontée à ce mouvement contradictoire de l'unification et de la désagrégation, la faisant constamment renaître sous de nouvelles formes".

Bibliographie

- ANSART. P Les sociologies contemporaines     Essais sept. 1990
- BEITONE et alii  Sciences sociales   Aide mémoire SIREY 2000
- BOUDON. R et BOURRICAUD. F Dictionnaire critique de la sociologie PUF Mars 1994
- BOURDIEU. P La distinction   Ed. de Minuit 1979
- CUCHE. D    La notion de culture dans les sciences sociales  Repères 1998
- DUPUY. J-P   Introduction aux sciences sociales  Ellipses  1992***
- DURAND J-P et WEIL. R  Sociologie contemporaine  Vigot     1997
- ELIAS. N        Du temps   Agora oct.1999
                     La société de cour    Flammarion 1985
- FERREOL. G Dictionnaire de sociologie    Armand Colin 1991
- FERREOL. G et NORECK. J-P   Introduction à la sociologie    Armand Colin 1996                    
- FEYERABEND. P  Contre la méthode    Points 1988
- GOFFMAN. E     La mise en scène de la vie quotidienne  Ed. de minuit  1992
- LALLEMENT. M Histoire des idées sociologiques    tome 1 et 2 nathan juin 1994
- LEVI-STRAUSS. C Race et histoire        Paris 1961
                         Tristes tropiques      plon 1975
- PINCON. M  et PINCON-CHARLOT. M   Dans les beaux quartiers       Seuil  1989
- TOMATIS. A L'oreille et la vie         Robert Laffont Mars 1990
- WARNIER. J-P   La mondialisation de la culture   Repères   1999
- WEBER. M L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme     Agora nov 1985
- Revue Autrement " L'honneur"     Mars 1991
- Dictionnaires et manuels divers.
- Sciences humaines Hors série N°5 mai-juin 1994

Filmographie conseillée pour le cours
-  CHATILIEZ. E    La vie est un long fleuve tranquille
-
KUBRICK. S  Full metal jacket
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PENN. A  Little big man
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Les inconnus      Les 3 frères
-
BIGELOW. K  Point break

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