Cours provisoire susceptible de modifications : il faut donc le consulter régulièrement.

LE MARCHE DE CONCURRENCE PURE ET PARFAITE 

            Depuis 1989, et la chute du mur de Berlin, les experts et autres essayistes, ont annoncé "l'arrivée du monde à la fin de l'histoire" ( F. FUKUYAMA ) ou "la fin des idéologies". Cette ère nouvelle, n'est en fait que le triomphe d'une "idéologie" vieille de plusieurs siècles se dénommant libéralisme et de ses avatars économiques que sont la loi du Marché ( stylisé ) et la rationalité. Cette idéologie ( se basant sur le modèle d'un Marché virtuel parfait ) perçoit la société comme un ensemble d'agents libres et rationnels dont les activités vont être coordonnées grâce au marché pour aboutir à un optimum économique. Il conviendra donc de disséquer celle-ci comme un édifice théorique. Seront mises en lumière, dans un premier temps, ses bases ( philosophiques et autres ),  suivra le cœur essentiel de la théorie, à savoir le modèle d'Equilibre Economique Général de L. WALRAS,  et finalement ce qui couronne l'édifice, son aboutissement c'est à dire son emprise sur la réalité via les conseils d'éminents "experts".

 I. La conception de la réalité des libéraux : "tout est pour le mieux, dans le meilleur des mondes possible"

En prémisse à tout raisonnement, il convient de préciser que le discours économique tout comme le discours religieux ou social, en tant que discours pensé, s'appuie sur des hypothèses bien précises qui relèvent le plus souvent de l'ordre de la conception du monde, véritable base de la réflexion ( cf. chapitre sur la culture ). On peut se rappeler que nombre de grandes théories économiques sont sorties de la tête de philosophes[1] ou du moins de personnages dont le pôle d'intérêt ne se limitait pas exclusivement à l'économie[2].

         A.   Le socle philosophique

La pensée libérale qui touche l'ensemble des domaines de la vie sociale ( politique, économie, droit…) se comprend par 4 maitres-mots : Raison, Nature, Individu, Propriété [ 3 ].

Elle prône :

1. les idées d'individu, d'autorité de la seule conscience personnelle. Pour les libéraux, l'homme, est un "animal raisonnable", et c'est dans cette raison qu'il découvre les lois de sa liberté.
De plus, l'individu est un absolu qui possède en lui les caractères de l'universalité et de l'unicité. Dès lors, la société est un résultat et non pas un fondement ; l'individu est toujours antécédent à l'Etat dans sa consistance unique et métaphysique. On retrouve ici les bases de l'individualisme méthodologique
[3] ( cf. chapitre sur la méthode sociologique ). 

2. la foi en la Raison : l'homme est avant tout un être doué de Raison . La souveraineté de la Raison est le moyen et le but pour l'homme en vue d'accéder au bonheur. Mais cette raison individuelle est elle-même finalisée en vue de conquérir la nature : l'univers étant le symbole même de l'harmonie, il est par conséquent du devoir de l'homme de retrouver par la raison "les lois naturelles" qui gouvernent le monde et d'en édicter les règles[4]. 

3. Le corollaire d'un tel mode de pensée est un optimisme irréductible face au progrès, à la science et la nature : l'idée centrale du libéralisme consiste à introduire la notion de perfectibilité : la raison peut par son seul pouvoir, faire progresser dans l'ordre de la connaissance et de l'action. Dans cette optique, on aboutit à une vision linéaire de l'histoire où "tout rationalisme est un progressisme"[ 3 ]. L'appareillage mathématique, depuis DESCARTES apparaît comme le moyen privilégié d'expression de la pensée raisonnante  puisque pour ce dernier, les sciences en règle générale, doivent nous conduire sur les voies de la vérité universelle et unique[5].  

4. la jouissance de la propriété privée considérée comme un fondement de base de l'entité individuelle.

                 Pensez au bac blanc de français : sujet n°1.

            B. Les "grands anciens" de la pensée libérale en économie  

            La conception libérale ( qui postule que le libre fonctionnement des mécanismes du marché permet seul de se rapprocher de l'optimum économique et social ) remonte en économie par certains aspects, à des auteurs tels que P. de BOISGUILBERT ( 1646-1714 ) réclamant la liberté des prix et marchés ou aux physiocrates ( au 18ème siècle ). Cependant si l'on attribue à ces derniers la paternité de l'idée de laisser faire, avec la fameuse phrase attribuée par l'Histoire à Vincent de GOURNAY ( 1712-1759 ) "laisser faire, laisser aller", en revanche selon K. POLANYI, le libéralisme a du attendre les classiques anglais, en particulier A. SMITH ( 1723-1790 cf.  Adam Smith Institute, Adam Smith web site ) pour prendre son essor véritable, avec l'idée centrale d'une société organisée par et à travers le marché ( grâce à la "main invisible" ).

Fort de cette base entre 1860 et 1930, le courant libéral  baptisé "néoclassique"[6] , va mettre au point son édifice le plus abouti à savoir le modèle d'Equilibre Economique Général [ 5 ] .

 

NB. Il convient toutefois de noter que la tradition libérale est loin d'être monolithique ; il faut distinguer des tendances qui peuvent en certains cas s'opposer : l'école de Lausanne dont L. WALRAS et V. PARETO sont les fers de lance ( et qui constitue le noyau central de la théorie néoclassique ), n'a que peu de choses à voir avec "l'école autrichienne" ( F. von HAYEK ( 1899-1992 ) est ainsi résolument anti-constructiviste ).  
Autrement dit, si tous les néoclassiques sont libéraux, tous les libéraux ne sont pas néoclassiques ( cf. infra ).

 

II. Le modèle économique du Marché ( parfait ) : la perfection du virtuel néoclassique

Bref exposé de microéconomie. 

            Le libéralisme va trouver en l'économie un chantre capable de lui donner une légitimité scientifique. Dès lors, les partisans de cette école de pensée vont se faire fort de construire un modèle[7] qui symbolisera la perfection économique : c'est le modèle de l'Equilibre Economique Général ( EEG ) de Léon WALRAS ( 1834-1910 ) formidable incarnation de l'harmonie entre  individus rationnels ( dans les années 1950, G. DEBREU ( 1921- ) prix Nobel d'économie 1983, l'a mis en équations ). 

Les hypothèses philosophiques du socle libéral vont se trouver restreintes pour cause de fonctionnalité du système. Les agents sont désormais définis selon des critères euclidiens : "producteurs" ou "consommateurs". De plus, du concept de "raison", les économistes vont basculer vers un de ses sous-produits "la rationalité" réduite par la théorie libérale contemporaine à un calcul stratégique visant pour l'individu à maximiser les avantages et minimiser les coûts de toute action. Ainsi, le but unique de toute existence ( désormais vidée de toute idiosyncrasie ) serait de maximiser ses plaisirs ( c'est à dire son utilité, ou ses bénéfices ) et minimiser ses peines ( sa désutilité, ou ses coûts ) selon la philosophie de Jérémy BENTHAM ( 1748-1832 ), le père de l'utilitarisme ( cf. chapitre sur la méthode sociologique ). 


   
A.   Le calcul rationnel du consommateur ( individus, ménages )

    Le consommateur rationnel[8] par construction, est un homo oeconomicus c'est à dire un agent qui n'a de cesse de maximiser son utilité ( en achetant les biens qui lui procurent le maximum de satisfaction, conformément à ses fins ), mais qui est contraint par le budget qu'il possède. Il procède par des calculs stratégiques ( coûts-avantages ) à la marge : il va ainsi calculer et hiérarchiser l'utilité que lui procurerait la consommation d'une unité de bien supplémentaire ( utilité marginale [9], pondérée par les prix, précisément cf. module ) et faire des choix ( en fonction de ses préférences ). Dans l'optique néoclassique, cet agent est "souverain" et autonome c'est à dire qu'il est fondamentalement dégagé de toute influence, subordination, de tout désir d'imitation et autre détermination sociale ; bref de tout ce qui fait la vie en société. Etre libre c'est être "quitte de tous les autres" ( Léon WALRAS  ) [9 bis]

    Selon l'école néoclassique qui va au fil du temps s'appuyer sur la notion de "courbe d'indifférence"
[10], c'est au point dit de "l'équilibre du consommateur"( point d'intersection entre la courbe d'indifférence la plus élevée et la droite de contrainte budgétaire ) que le consommateur va maximiser son utilité ( choix optimal ). Cet équilibre est subordonné à l'évolution des prix des biens et au revenu du consommateur.  Plus précisément, pour chaque consommateur, il existe une relation inversement proportionnelle entre le prix des différents biens et les quantités demandées ( élasticité de la demande par rapport au prix, négative en règle générale[11] ) : c'est la courbe de demande individuelle.
 
Par simple agrégation des demandes individuelles, on obtient la demande de marché qui est une fonction décroissante du prix. Cette relation entre les prix et les quantités demandées est déterminée par l'effet-prix. Lorsque l'un des déterminants de la demande, autre que le prix, varie ( préférence des consommateurs, prix des biens substituables...), la courbe de demande se déplace.

              Réflexion sur : histoire de l'utilité, utilité marginale, décroissance de l'utilité marginale, courbes d'indifférence, optimisation…

 

        B.    Le calcul rationnel du producteur ( l'entreprise )

     Le producteur fabrique des biens et des services ( outputs ou extrants ) à partir de divers facteurs de production ( travail, capital, terre…qualifiés d'inputs ou d'intrants ) achetés sur les marchés des facteurs, et de l'état des techniques ( fonction de production ). Tout aussi rationnel que le consommateur, il a comme but, de maximiser ses  profits en trouvant la combinaison productive optimale ( en cherchant par exemple à minimiser ses coûts de production ). Cependant il doit tenir compte des prix du Marché dont il n'est pas maître[12], car fixés par le jeu de l'offre et de la demande ( voir infra ).

Le profit correspond donc à la formule suivante :  

profit =  recettes - coûts de production

               1.     L'optimum du producteur
  
                 a. les coûts de production 

Les coûts de production se divisent en :

   i) coûts globaux 

-  les coûts fixes  : ce sont les dépenses engagées par l'entreprise qui demeurent identiques quelle que soit la quantité produite; c'est un minimum incompressible (exemple : loyers ).

- les coûts variables : fonction des quantités produites. Ils sont soit proportionnels (matières premières ), soit non proportionnels ( ex : main-d'œuvre : en raison des heures supplémentaires payées plus chères ).

- le coût total est la somme des coûts précédents.

                         ii) coûts unitaires

   Pour obtenir le prix de revient d'un produit, il faut en calculer les coûts unitaires. Tout d'abord les coûts moyens s' obtiennent en divisant les coûts globaux par la quantité produite.

Coût total moyen ( CTM ) =  CT / q      Coût fixe moyen  ( CFM ) = CF / q        

 Coût variable moyen ( CVM ) = CV / q

 Enfin le coût marginal correspond au supplément de coûts engendré par la production d'une unité supplémentaire. Ex : si les quantités produites passent de q à q' : Coût marginal ( Cm ) =  CTq'-CTq / q'-q              ou             D CT / Dq

Par conséquent, pour la première unité produite, le coût marginal est égal au coût variable moyen. 

                 b. La notion de recette

            L'entreprise vend sa production au prix du Marché, c'est la notion de recette : recette totale ( RT = prix de vente x quantités vendues ). Ce prix du Marché  correspond à la fois à sa recette moyenne  (  puisque c'est ce que rapporte en moyenne chaque unité vendue  RM = RT/q),  et sa recette marginale ( puisque c'est ce que rapporte la dernière unité vendue Rm= DRT ). 

   c. le profit et l'optimum de l'entrepreneur

            Le profit global correspond aux recettes moins le coût total.

Profit moyen  = p - CTM
Profit additionnel ou "marginal" = p-Cm

    L'optimum du producteur est la quantité de production qui procure le profit maximum ( ou le minimum de pertes ). L'entreprise fait du profit tant que le prix de vente est supérieur au coût total moyen.

En concurrence pure et parfaite, l'entreprise atteint son optimum lorsque le coût marginal est égal au prix. 

Profit maximum : Cm = p

         2.     La courbe d'offre

D'une façon générale, les marginalistes considèrent que les coûts de production varient proportionnellement en sens inverse de la productivité, donc le coût marginal est d'abord décroissant puis croissant à partir d'un certain seuil de production.

    La courbe d'offre individuelle correspond donc à la partie de la courbe du coût marginal, qui se situe au-dessus du seuil de fermeture ( c'est à dire du point d'intersection avec la courbe de coût variable moyen cf. schéma ). La détermination de l'offre de marché s'effectue par l'agrégation de toutes les offres individuelles. L'offre de marché met donc en relation les quantités offertes en fonction du prix. Il s'agit d'une fonction croissante en fonction du prix ( élasticité de l'offre par rapport au prix, positive ) qui s'explique par l'effet-prix . Lorsqu'un déterminant de l'offre autre que le prix, varie ( progrès technique, coût de production ) cela entraîne un déplacement de la courbe.

             Réflexion sur :  la notion d'économies d'échelle, de déséconomies d'échelle, de rendements d'échelle…

 

   C. La notion d'Equilibre Economique Général en concurrence pure et parfaite

      Offreurs et  demandeurs poursuivant leurs fins propres qui divergent, se rencontrent sur un lieu théorique que l'on nomme le Marché le prix viendra dénouer la confrontation, mais ce, selon des postulats bien précis, qui viennent se surajouter aux conditions précitées.

    1. "Hypothèse, vous avez dit hypothèse…"

        a.     Les hypothèses de la concurrence pure

-          L'atomicité de l'offre et de la demande :  les agents économiques ont une taille tellement réduite et sont tellement nombreux sur le Marché, qu'ils ne peuvent en aucun cas, de façon autonome, influer sur les prix et quantités échangées. Il n'y a ni entreprise dominante, ni possibilité d'entente entre les différentes entreprises, ou consommateurs. Les prix étant déterminés par le fonctionnement des marchés, les agents sont en situation de "price taker" ou "preneur de prix".

-          L'homogénéité du produit ( ou du facteur ) :  le consommateur doit être incapable de différencier les produits, en fonction de l'entreprise qui les fabrique ; par conséquent, il est interdit à une entreprise de se distinguer de ses concurrents par des moyens tels que la publicité, l'utilisation de marques ou autre. Pour L. BAUDIN, "Le seul sourire de la vendeuse suffit à faire échec à la concurrence".
On peut ajouter que la jouissance des biens et services est privative : il y a
divisibilité de l'usage, excluabilité, rivalité[13].

-          La fluidité[14] du Marché :  quiconque veut formuler sur le Marché, une offre ou une demande en a la possibilité, sans coûts ni délais : l'entrée et la sortie du Marché sont libres. Cela signifie que les quantités échangées et les prix sont libres ( absence de quotas, de contingentement, de rationnement… absence aussi de rigidités tels que les cartels, ou les intrusions de l'Etat…). 

      b.     Les critères de concurrence parfaite

 -          La transparence du marché[15] :  tous les agents économiques doivent pouvoir accéder à toutes les informations disponibles, en particulier avoir la possibilité de connaître tous les prix qui cristallisent l'information ( parfaite et gratuite).

-          La mobilité des facteurs de production :  les facteurs de production ( capital - travail ) doivent pouvoir se déplacer sans obstacle d'une activité à une autre en fonction des perspectives de salaires et de profits. Exemple: si une industrie est moins rentable, les facteurs de production doivent pouvoir aller vers une autre activité plus florissante.

 

        2.  L'Equilibre Economique Général : "le seul, l'unique…??"

     Il existe un marché pour chaque type de biens ou de services  ( travail, capital etc… ). Le mécanisme autorégulateur du Marché[16] conduit à la détermination d'un prix d'Equilibre qui égalise l'Offre et la Demande ( et permet de procéder à l'échange ).
D'un Equilibre partiel ( équilibre sur un seul marché, "toutes choses égales par ailleurs
"[17] chez MARSHALL[18] ), la conception walrassienne aboutit à un Equilibre Economique Général ( EEG ) : état d'Equilibre sur tous les marchés satisfaisant tous les agents[19].
Depuis V. PARETO, cet EEG est même devenu un optimum d'ophélimité, c'est à dire que c'est une situation dans laquelle la situation d'un agent ne peut être améliorée sans dégrader celle d'un autre
[20].
 

               
Réflexion : les marchés financiers, le marché du travail…

 

III.  Les leçons très pédagogiques des écoles libérales

              L'analyse des néoclassiques a une dimension normative évidente c'est-à-dire qu'elle n'explique pas comment fonctionne concrètement la réalité ( dimension positive ), mais elle explique comment la réalité devrait fonctionner pour être aussi parfaite que le modèle. Auréolés de différents prix Nobel d'économie[21], les économistes libéraux en tant que "conseillers des princes"[22] vont édicter toute une série de mesures à appliquer pour rendre la réalité conforme au modèle mathématique ( et à ses hypothèses ) : en l'absence d'alternative, cette pensée est désormais qualifiée de "pensée unique".

   Pour ces derniers, le Marché, symbole de l'harmonie de l'ordre naturel, permet d'utiliser de façon optimale, efficiente, toutes les ressources rares disponibles dans l'économie : il conduit ainsi le système économique à la frontière des possibilités de production. Dès lors, la vulgate libérale estime que cet ordre doit recouvrir tous les secteurs de la vie économique et sociale à l'exception de trois domaines essentiels  ( à faire reposer dans les mains de l'Etat ), que sont la justice, la police, la défense[23] ( voire les infrastructures et un minimum d'éducation[24] ) : cet Etat minimal se dénomme l'Etat-Gendarme ( idéal type dont la Grande-Bretagne du 19ème siècle se rapproche le plus ). Dans cette optique, l'Etat doit proscrire tout budget déséquilibré (  donc, gérer l'argent comme un "bon père de famille" ), procéder à une réduction des déficits publics, des impôts, à une éradication  de l'inflation… ( cf. chapitre sur la monnaie et sur la comptabilité nationale ).

    Selon les libéraux, il ne faut jamais entraver le libre jeu du marché : toute intervention extérieure introduit des rigidités obligatoirement néfastes ( ou sous-optimales ) pour la société ( pour P. SALIN, le SMIC est au nombre de ces rigidités ).

     Les implications d'une telle logique sont de vouloir donner ou redonner, au Marché, en privatisant, tout ce qui appartient à l'Etat et qui ne fait pas partie de ses prérogatives attitrées  ; dans un premier temps cela recouvre les entreprises publiques  ( France Télécom, Crédit Lyonnais…) mais à terme cela touche aussi le domaine de la santé ( hôpitaux, remboursement des soins…), des retraites ( fonds de pension ), de l'éducation ( cf. M. FRIEDMAN )…
L'archétype de cette logique nous a été fourni par Mme THATCHER qui mit en œuvre au Royaume-Uni le plus vaste programme de privatisations de l'histoire : ainsi le poids des entreprises publiques est-il passé de 10,8% du PIB en 1980 à 2,9 % en 1990.
    La théorie des "droits de propriété" pousse cette façon de voir encore plus loin ( privatisation potentielle de la nature avec des brevets sur le vivant ??? Des droits pour polluer ou des droits à l'air pur ).   
   
Un libertarien comme M. ROTHBARD ( 1926-1994 ), propose même, entre autres de privatiser les rues et de créer un marché des enfants.

            L'extension de l'analyse en terme de marché ( et de comportement rationnel ) touche désormais l'ensemble de la vie sociale : la famille ( G. BECKER [ 25 ]), le nombre d'enfants, les partis politiques, le crime… .

 

            Réflexion : les écoles libérales contemporaines : points communs, divergences, implications…

            * Les monétaristes : ex : M. FRIEDMAN ( cf. cours sur la monnaie ; voir en particulier les politiques monétaires ).
           
* La nouvelle école classique ou école des anticipations rationnelles : ex : R. LUCAS ( cf. cours sur la monnaie ; voir en particulier les politiques monétaires ).

           
*
L'économie de l'offre ou "supply side economics" : A. LAFFER et G. GILDER
           
*L'école des choix publics dite du "Public choice" : J. BUCHANAN

           
* Les libertariens : R. NOZICK, M. ROTHBARD

 

Conclusion

La théorie prônant le Marché aujourd'hui sans adversaire potentiel, impose un nouvel ordre économique mondial, qui ébranle les structures et institutions héritées de la politique keynésienne d'après-guerre, mais aussi les bases de la morale chrétienne vieille de quelques siècles, et soumet nos sociétés à des enjeux de type existentiel.

 " Les idées, justes ou fausses, des philosophes de l'économie et de la politique ont plus d'importance qu'on ne le pense en général. À vrai dire, le monde est presque exclusivement mené par elles. Les hommes d'action qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d'ordinaire les esclaves de quelque économiste passé".

                                                        John Maynard KEYNES    Théorie Générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie

Bibliographie

Conseils de lectures pour les élèves sur le sujet
en n°
1. GUESNERIE. R                L'économie de marché   ( 1996 )   Dominos  Flammarion  2000
en n°2  SAMUELSON. P-A et NORDHAUS. W    Micro-économie  ( 1992 )  Ed. d'organisation 14è Ed. 1997

[ 1 ] BASLE. M           Histoire des pensées économiques : les fondateurs    SIREY   Fév 1988
[ 2 ] DI RUZZA. F  Essai sur l'histoire de la théorie de l'Equilibre Economique Général   Thèse  GRENOBLE  1976
[ 3 ] MICHEL. R            La pensée contemporaine : les grands courants    4è Ed    Chronique sociale de France  Mars 1990
[ 4 ]   "Découverte de la microéconomie"     Cahiers français         jan-fév  1992
[ 5 ] BOSSERELLE. E                Les courants économiques et leurs enjeux     Top éditions   mars 1998

 - DEFALVARD. H     "La main invisible : mythe et réalité du marché comme ordre spontané"   Revue d'économie politique     N°6    1990   pp. 870-883
-  DUPUY. J-P  "L'Economie de la morale, ou la morale de l'Economie" Revue d'Economie Politique     1978              pp 404-439
 
- GODELIER. M       Rationalité et irrationalité en Economie   Economie et socialisme   1966
- GUESNERIE. R                L'économie de marché   ( 1996 )   Dominos  Flammarion  2000
- LONGUET. S                      Hayek et l'école autrichienne    Circa   Nathan    1998
- PICARD. P        Eléments de micoéconomie    Montchrestien     1998  5è Ed.
-  PHELPS. E     " Marchés spéculatifs et anticipations rationnelles"  Revue française d'économie     été 1987   p. 10-25
- SAMUELSON. P-A et NORDHAUS. W                Micro-économie  ( 1992 )  Ed. d'organisation 14è Ed. 1997
 
- SCHOOYANS. M       La dérive totalitaire du libéralisme   Ed. universitaires     Oct. 1992
- SCHOTTER. A      Microéconomie    ( 1994 )  Vuibert   1996
 
- SMITH. A   Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations  ( 1776 ) Livre  V. chap. I.   GF- Flammarion 1991 



[1] SMITH ( Adam Smith Institute, Adam Smith web site ) n'était-il pas professeur de philosophie et d'économie aux universités d'Edimbourg puis de Glasgow [ 1 ]
[2]
Il aura fallu une thèse à R. DI RUZZA [ 2 ] pour expliquer que ce qui était intrinsèquement important chez WALRAS, n'était pas en soi  sa "technologie" ( autrement dit sa formalisation à outrance ) mais sa philosophie ou plutôt sa "représentation de la réalité" qu'il se contentait d'appliquer à l'économie.
[3]
"Partir des individus considérés comme libres de toute attache sociale, et voir dans la société la résultante de leurs comportements" [ 4 ].
[4]
"Les lois de la nature sont aussi celles de la raison" [ 3 ].
[5]
Ici on comprend mieux l'engouement extraordinaire que suscitent les mathématiques chez les économistes de la théorie néoclassique.
[6]
Fondateurs de ce courant C. MENGER ( 1840-1921 ), L. WALRAS ( 1834-1910 ), S. JEVONS ( 1835-1882 ) ; autres auteurs à connaître A. MARSHALL ( 1842-1924 ), V. PARETO ( 1848-1923 ), A.C PIGOU ( 1877-1959 )...
[7]
les modèles économiques sont des expressions condensées, généralement sous forme d'équations, d'une théorie.
[8]
Rationalité instrumentale : on peut citer l'exemple de G. BECKER : si j'ai froid aux pieds la rationalité économique me pousse à acheter des chaussettes plutôt qu'un bateau.
[9]
L' utilité marginale d'un bien est l'accroissement d'utilité ajouté par la consommation d'une unité supplémentaire du bien, les quantités consommées des autres biens étant inchangées.
 [9 bis] cité par J-P DUPUY dans   Introduction aux sciences sociales  Ellipses 1992  p. 67
[10]
Utilité ordinale ( on suppose que le consommateur classe simplement des ensembles de biens selon la satisfaction qu'ils lui procurent ) remplaçant l'utilité cardinale ( utilité est mesurable ).
[11]
Il existe des cas particuliers où l'élasticité de la demande par rapport au prix peut-être positive : biens de type GIFFEN ( "paradoxe de GIFFEN" Sir Robert GIFFEN avait observer durant la famine des années 1850 en Irlande, que les paysans augmentaient leur consommation de pommes de terre, alors que le prix de celles-ci était à la hausse ), dans le cadre de phénomène de snobisme ( art, bijoux..), en cas de spéculation à la hausse, lorsqu'un bien est remplacé par un autre plus apprécié ( CD remplace le vinyle...).
[12]
On dira que l'entreprise est "price taker" : preneuse de prix.
[13]
un bien consommé par un acteur A ne peut profiter à un acteur B qui est donc exclu de l'usage du bien et se trouve sur le marché le rival de A.
[14]
le contraire étant la viscosité.
[15]
Le contraire étant l'opacité.
[16]
"main invisible" pour SMITH ( Adam Smith Institute, Adam Smith web site ), rôle du commissaire priseur et des tâtonnements pour WALRAS.
[17]
"ceteris paribus" en latin.
[18] MARSHALL n'envisage pas l'ensemble des marchés mais il porte son attention sur un seul marché en faisant abstraction de son environnement économique. Ceci n'est possible que si l'on postule la constance de cet environnement. A cet effet, il utilise la clause ceteris paribus, c'est à dire "toutes choses égales par ailleurs" aux termes de laquelle dans son analyse, les goûts, les techniques et les revenus restent constants.
[19]
L'Equilibre général chez L. WALRAS est le point vers lequel les choses tendent "Tel est le marché permanent, tendant toujours à l'équilibre sans y arriver jamais…" ( idée fondamentale de processus ) L. WALRAS   Eléments d'économie politique pure ( 1874 ).
[20]
"Les membres d'une collectivité jouissent, dans une certaine position, du maximum d'ophélimité, quand il est impossible de trouver un moyen de s'éloigner de très peu de cette position, de telle sorte que l'ophélimité dont jouit chacun des individus de cette collectivité augmente ou diminue. C'est-à-dire que tout petit déplacement à partir de cette position a nécessairement pour effet d'augmenter l'ophélimité dont jouissent certains individus, et de diminuer celle dont jouissent d'autres : d'être agréable aux uns, désagréable aux autres"
V. PARETO
                Manuel d'économie politique  1906
[21]
M. FRIEDMAN (1976 ), G. DEBREU (1983), G. BECKER (1992), R. LUCAS (1995)…
[22]
En France, nous avons le trio, A. MINC, J. ATTALI et G. SORMAN.
[23]
Ces 3 fonctions sont appelées des fonctions "régaliennes".
[24]
Cf. A. SMITH ( Adam Smith Institute, Adam Smith web site ).
[ 25 ] " Toute question qui pose un problème d'allocation de ressources et de choix dans le cadre d'une situation de rareté caractérisée par l'affrontement de finalités concurrentes relève de l'économie et peut donc être traitée par l'analyse économique" G. BECKER cité par BASLE. M et alii dans Histoire des pensées économiques. Les contemporains   Sirey  1988  .

 

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